Les personnages de Pèlerinage vers l'Ouest - Personnage "secondaire".
L'empereur de Jade
Dans le roman, dans l'histoire de la Chine
L'empereur de Jade au dessus des divinités célestes !
L'empereur de Jade - Image du Domaine public.Dans La Pérégrination vers l’ouest (Xiyouji) l'auteur, Wu Cheng'en ne fait pas de lien explicite avec l’époque de son Empereur de Jade. On apprend de la bouche même du Bouddha qu'il est passé par 1 750 kalpas avant d'occuper le trône. L'auteur estime qu'un kalpa est égal à 129 000 ans (ce qui donne 225 750 000 ans). L'auteur, non sans ironie, se plaît à faire de l’ Empereur de jade un personnage un peu hautain, loin des affaires de ce monde, incapable de deviner les choses et dépendant de ses ministres pour l'informer, n'hésitant pas à se moquer de lui. Rutilant de magnificence et sérieux, il ressemble finalement à un monarque imbu de son pouvoir, plus humain que céleste ! Son manque de lucidité et de compétence le conduit à désigner Sun Wukong comme gardien des pêches miraculeuses et semble incapable de faire autre chose que de donner des ordres du haut de son trône. Il n’a su entrevoir que Sun Wukong était un puissant fauteur de troubles qui voulait atteindre l'immortalité. Avant sa rencontre avec l'empereur de Jade, Sun Wukong avait déjà semé le trouble dans le palais sous-marin d'Ao Guang, le roi dragon de la mer de l'Est, et dans le monde souterrain.
Afin de garder un œil sur Singet et d'éviter tout autre conflit, l’Empereur de Jade a décidé de lui donner le poste de Gardien des Chevaux Célestes, un poste insignifiant dans la bureaucratie céleste.
Bien que Sun Wukong ait été initialement ravi de son poste, sa joie s'est transformée en colère lorsqu'il a découvert qu'il s'agissait en fait d'un poste de peu d'importance. Il a donc fui au Mont Fruits et fleurs, où il s'est auto-proclamé « Grand Sage égal au Ciel ».
L’empereur de Jade a manqué également de lucidité stratégique, lorsque Sun Wukong s’est rebellé contre lui. Il n'a pas trouvé mieux que lever à son tour une armée céleste pour écraser le Roi des Singes et ses partisans. L'armée de l'Empereur de Jade n'a cependant pas réussi à vaincre Sun Wukong. Afin d'éviter tout nouveau conflit, l'empereur de Jade autorisa Sun Wukong à utiliser son titre, qui, soit dit en passant, était un titre vide, et lui accorda le poste de gardien du Jardin des pêches célestes.
Toutefois, Sun Wukong n’a pas tardé à abuser de sa position et a fini par manger la plupart des pêches du jardin. De plus, le Roi des Singes a fait échouer le banquet des pêches immortelles avant l'arrivée des invités, car il avait appris qu'il n'avait pas été invité. Après avoir causé de tels problèmes, Sun Wukong s'est enfui dans sa montagne une fois de plus, pour attendre l'arrivée des troupes célestes. Sun Wukong fut finalement capturé après une longue bataille et amené au Ciel pour être exécuté. C’était sans compter que le corps du roi des singes étant devenu indestructible, il fut décidé de le mettre dans la fournaise des huit trigrammes de Laozi pendant 49 jours. Mais Sun Wukong se révèle finalement incoercible, d’une résistance à toute épreuve.
Le terme « Empereur de Jade » remonte au VIIe Siècle.
Historiquement, le terme « Empereur de jade » (玉帝 Yudi) est employé à partir de la Dynastie Tang (唐朝) , c'est-à-dire au VIIe siècle. Il s’agit toujours, sous ce nom, de la divinité suprême. Le mot "jade" fut ajouté, car il invoquait le côté pur et éternel de cette pierre très précieuse en Chine dont les vertus devinrent celles de cette divinité. Les taoïstes pensaient qu'en absorber pouvait conférer l'immortalité. C'est sous la Dynastie Song (宋朝) que naquit l'idée d'un tel empereur, sous le règne de Huizong (徽宗) : le monarque renforça son culte en lui ajoutant un titre très long et suprêmement honorifique (玉皇上帝 Yuhuang Shangdi) Empereur de Jade de la Hauteur Suprême du Ciel. Les taoïstes, quant à eux, afin d'accroître leur influence, l'incorporèrent dans leurs croyances afin de concurrencer le bouddhisme. ils inventèrent une origine divine capable de rivaliser avec le Bouddha. Il peut être considéré comme son double.
L'Empereur de Jade, chef de la bureaucratie céleste
Dans les croyances populaires nourries plus ou moins étroitement des 3 sagesses (taoïsme, confucianisme, bouddhisme), l'Empereur de Jade est considéré comme le chef de la bureaucratie céleste. Celle-ci est divisée en différents bureaux, chacun dirigé par une divinité bureaucrate, et est en charge d'un domaine spécifique. Cette bureaucratie s'étend dans l’organisation territoriale et la sphère familiale.
Chaque localité est censée avoir son propre dieu de la ville, tandis que chaque famille a son propre dieu de la cuisine. Selon les croyances populaires, les dieux des cuisines retourneraient au Ciel pendant le Nouvel An. Ces dieux rapportaient à l'Empereur de Jade tout ce qu'ils avaient vu se passer dans la famille au cours de l'année précédente.
L'empereur de Jade décidait alors si la famille devait être récompensée ou punie l'année suivante. D'où la tradition d'offrir des sucreries au dieu de la cuisine pendant le Nouvel An, afin de l'amadouer ou de lui rendre la bouche si collante qu'il ne pourrait pas transmettre son rapport à l'empereur de Jade ! À l'époque moderne, l'Empereur de Jade sert toujours de juge mythique des bonnes actions d'une personne.
Par la mise en scène de l’Empereur de Jade l’auteur semble s’adonner dans Pèlerinage vers l’Ouest à une critique en règle du pouvoir absolu de son époque , l’absolutisme est en effet étrillé et la bureaucratie tatillonne et étouffante est sévèrement critiquée, mais prudemment déplacée, décontextualisée dans l’univers céleste. Le pouvoir de l’empereur Taizong, à l’époque des Tang, donc à l’époque du moine linguiste qui a vécu à Luoyang, est glorifié dans le roman, il est en effet le protecteur de San Zang – alors que l’aventurier de Luoyang est parti à la recherche des écritures de Bouddha sans l’autorisation de l’empereur de la capitale Changan !
Illustrations japonaises
Personnages en relation : Le Moine Tripitaka, Singet dit Sun Wukong, Sablon dit Sha Zeng, la Bodhisattva Guanyin.